Le projet du Chemin des Picardes, aux multiples versions, serait abandonné
Lors l’audience de référé-suspension que nos associations ont sollicitée le 22 juillet dernier, nous avons écouté l’avocat de la mairie de Triel-sur-Seine informer le juge que « le projet est abandonné ».
Selon la mairie, les travaux de décapage et de terrassement, l’installation d’un géotextile puis de plusieurs couches de roches, cailloux et grave - qui ont eu lieu à vive allure en mai, juin et juillet - ne sont que des travaux de « remise en état » du chemin. Les travaux étant ainsi terminés, le référé-suspension n’a pas eu lieu d’être.
Selon cette dernière version, la « remise en état » de ce vieux chemin aurait été rendue nécessaire en raison des travaux d’abattage, dessouchage et enlèvement d’entre 300 et 600 arbres, accusés de maladies ou de dangerosité, aux alentours du chemin forestier.
Ces abattages avaient pourtant été réalisés dans le contexte de l’appel d’offres pour la réalisation d'une piste cyclable, attribué le 3 juillet 2023. Ce marché avait d’ailleurs dû être résilié à la suite de la demande du Préfet du 21 novembre 2023, la procédure ayant été entachée d’irrégularités "substantielles".
Retour sur les raisons de l’inquiétude puis de l’action des associations d’environnement et de vélo
Le dialogue et la concertation autour de ce projet et de ses alternatives n’ont jamais eu lieu, malgré les demandes successives de l’association Bien Vivre à l’Hautil et des associations d’environnement et de vélo, à dater de la présentation de l’étude Dynalogic début 2021.
La dangerosité : cette voie passe sur des zones rouges et bleues (inscrites au Plan de prévention des risques naturels d’effondrements – PPRN - pris en 1994). En raison de ces risques, une grande partie de la forêt sur le massif de l’Hautil demeure interdite au public. Les études géotechniques annoncées manquent toujours pour permettre le cas échéant d’ouvrir ce chemin au public. Elles auraient d’ailleurs dû être effectuées avant l’exécution de tous ces travaux.
Le tracé : il a évolué du seul « Chemin des Picardes » à un trajet empruntant également d’autres voies … Le parcours retenu, bien que demandé, n’a jamais été fourni.
La biodiversité : dans cette forêt en bon état aux niveaux de sa faune et de sa flore et riche de zones humides fragiles, ouvrir une voie à de nombreux passages de personnes et de cycles est une solution néfaste pour préserver le calme de ce milieu à la biodiversité jusqu'alors protégée.
L’état de santé des arbres : « Une des forêts les plus saines d’Ile-de-France » nous indique l’expert forestier que nous avons sollicité. La « maladie de l’encre », qui certes existe sur quelques sujets, en l’occurrence sur certains châtaigniers, n’atteint que très peu ce milieu forestier grâce à sa densité et de sa diversité. De toute façon, éliminer ces arbres n’élimine aucunement le champignon qui se maintient dans les sols.
Enfin, si un arbre doit être abattu il faut absolument que ce soit effectué à juste titre, sans se lancer dans des campagnes globales, mais avec précision et délicatesse en la matière. En effet, en aucun cas, le couvert forestier ne doit être mis à nu, car les sols s’assécheraient et ne permettraient plus aux jeunes arbres de pousser à l’abri de leurs congénères.
La voie sécurité incendie : évoquée tardivement, juste avant le début de la campagne d’abattages fin novembre 2023, elle répondait à une demande de la mairie auprès du SDIS 78. Or les pompiers ont toujours eu la capacité de passer par ce chemin avec un véhicule adapté. Le circuit d’eau, lui, existe depuis très longtemps : il y a une servitude de passage pour l’eau potable tout au long du chemin.
La pertinence du tracé : la plupart des utilisateurs potentiels – piétons ou cyclistes - auraient préféré l’aménagement d’un tracé le long des rues et routes pour relier le bourg au hameau de l’Hautil. Cela leur permettait d’être moins isolés en cas de souci. Quant à ce trajet, il aurait pu n’emprunter qu’a minima la D2, au niveau de la forêt, nécessitant assez peu d’aménagements. Mais ces options n’ont, semble-t-il, pas été étudiées.
C’est face au mutisme, puis au flou, que nous avons été amenés à nous exprimer, d’abord avec des demandes par courriers, puis sur notre site. Plus tard, nos concitoyens et plusieurs associations se sont mobilisés autour d’une pétition, pour finir avec l’organisation d’une marche citoyenne, lesquelles ont rassemblé respectivement 1133 signatures et plus de 300 personnes.
Mais nous n’avons hélas jamais eu de réponse ni de rendez-vous.
Les travaux ont eu lieu, à toute vitesse, en décembre-janvier pour les abattages d’arbres, en mai-juin 2024 pour la « remise en état ».
Si l’abattage de tous ces arbres est un véritable crève-cœur, nous pouvons être fiers que, grâce à notre action, ce chemin ne soit ni « bétonné » ni éclairé, ni équipé de caméras de surveillance.
Le procès continue malgré l’abandon du projet (ayant rendu inutile la saisine du juge des référés). Le maire devra répondre de l’illégalité des travaux et en particulier des coupes d’arbres devant le tribunal administratif ainsi que devant le tribunal correctionnel.
Ci-dessous, extrait du mémoire en défense de la mairie (19 juillet 2024)
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